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Commémoration du 78ème anniversaire de la Victoire du 8 mai 1945

Lundi 8 mai 2023, Gil Bernardi, maire du Lavandou, les élus Conseil municipal, les porte-drapeaux et représentants des Associations patriotiques, accompagnés des Cadets de la défense du 54ème Régiment d’artillerie d’Hyères, ont commémoré le 78ème anniversaire de la Victoire du 8 mai 1945 lors d’un dépôt de gerbes devant la stèle du Maréchal Juin et d’une cérémonie officielle au Square des Héros.

Après la lecture du message de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, par Roland Berger, adjoint au maire délégué aux Associations patriotiques, Gil Bernardi a rendu hommage à Pierre Velsch, ce héros lavandourain qui a participé au débarquement de Provence et nous a quittés en septembre 2022.

Discours de Gil Bernardi, maire du Lavandou
Lundi 8 mai 2023

Mesdames et Messieurs les Élus, Mesdames et Messieurs les Présidents et membres des Associations Patriotiques, Mesdames et Messieurs les représentants des Corps Constitués, chers Cadets de la défense, Mesdames et Messieurs… Et j’aurais dû commencer par Vous, Cher Pierre Velsch ; car je sais, nous savons combien vous restez attaché à la célébration de la Victoire du 8 mai, à votre victoire – comme vous êtes indissociable de nos commémorations du 15 août – et, du haut de ce pinacle des héros, vous ne me pardonneriez certainement pas cette omission : vous qui avez tant donné de votre vie pour la Liberté de la France ; vous qui avez tant œuvré pour transmettre aux jeunes générations les Valeurs du patriotisme, de l’engagement et du sacrifice ; vous qui leur avez promis, à ces jeunes, que le don de la vie de vos camarades n’avait pas été vain… et qu’ils leur avaient donné la Paix. La Paix pour toujours !

Et je l’imagine, ce petit sourire malicieux que doit vous inspirer, en ce jour de liesse, de réjouissances, la situation de l’Europe et du Monde, en ce 8 mai 2023… que d’autres célèbrent le 9 – ceux-là. Et vous devez pester aussi que cet anniversaire de la Victoire ait un goût bien amer, au regard d’évènements qui donnent aujourd’hui le vertige… la nausée, aussi… mais encore de la peur qui revient au pas de charge, alors que tant de combattants avaient tout fait, tout donné, pour que les générations actuelles et futures en soient affranchies, de cette peur.

Car la guerre a repris en Europe, alors que les soldats valeureux d’hier nous en croyaient définitivement débarrassés… avec ses massacres d’innocents, de Boutcha aux relents d’Oradour-sur-Glane, d’exode de civils le long des routes, de Marioupol rasée qui nous rappelle Dresde, d’exactions, de tortures, de viols, de déportations d’enfants, d’exécutions barbares de prisonniers au mépris des règles établies par la Convention de Genève. Une guerre aux noms de batailles nouveaux pour nous… Zaporijia, Kherson, Bakhmout, mais tellement similaires aux combats cruels d’il y a 78 ans !…

Et ce bel équilibre des puissances, des blocs, qui vole en éclats ; la géopolitique, telle que nous la connaissions, qui a cessé d’exister…

L’axe de rotation de la terre, qui bascule… l’escalade du conflit qui s’amplifie inexorablement, les tyrans qui menacent, et l’Allié d’hier contre « l’Axe du mal », qui se retrouve aujourd’hui l’ennemi déclaré de l’Occident, justifiant l’agression des prétextes du terrorisme, du fascisme renaissant, de la décadence, de sa « légitime » dénazification, entrainant dans la nostalgie de l’ancien Empire Soviétique celui du Milieu… qui roule des mécaniques devant Taïwan, avec la Corée du Nord qui ne cesse de développer son arsenal d’armes terribles de longue portée.

Pierre, au-delà de ce petit sourire, combien vous devez être malheureux d’un tel gâchis ! Combien vous devez pester ! Pas sûr que les 60 millions de morts aient été un tribut suffisant payé à Moloch pour une paix éternelle. Pas certain que les vainqueurs du 8 mai 1945 contre l’Axe du Mal aient été satisfaits d’un tel résultat… si durable qu’ait été jusqu’ici, la Paix et la Prospérité pour 4 générations.

Pourtant, la Guerre Froide, celle du discours de Berlin prononcé le 26 juin 1963 par John Kennedy à l’occasion du blocus Soviétique devant le mur de la honte érigé en 1961… celle qui avait débuté le 12 mars 1947 par la coexistence pacifique, avant d’amorcer la détente de 1962 à 1975, puis s’était plutôt rafraichie jusqu’en 1985… tensions et détentes arbitrées, endiguées, au Conseil de Sécurité des Nations Unies, par les vainqueurs du 8 mai, émaillées par les conflits de la Corée en 1950, les crises de Suez et de Budapest en 1956, la guerre du Vietnam en 1964… puis le Printemps de Prague en 1968.

Et à présent que le mur est tombé le 9 novembre 1989, aux sons mélodieux du violoncelle de Rostropovitch, à présent que le Pacte de Varsovie s’est disloqué, que l’URSS a volé en éclats, rendant l’OTAN obsolète pour certains, voilà que le spectre de la destruction et de la mort s’étend de nouveau en Europe. Balaie d’un revers de main la mélopée sirupeuse de l’hymne à la joie.

Que n’avons -nous écouté et mis en pratique les leçons de nos valeureux combattants. Qui eux, savaient qu’il ne saurait y avoir de Paix durable sans dissuasion, que les forces du Mal reprendraient du galon dans le creuset illusoire du désarmement, et que l’invasion de la Crimée par la Russie, en 2014, n’était que les prémices de celle de l’Ukraine. Après la Tchétchénie. Après la Géorgie… le Karabagh.

Et que nos dirigeants n’ont pas compris, ou bien n’ont pas voulu voir que le désarmement de l’Occident n’engendrerait pas forcément celui de l’ancien Empire de l’Est. Bien au contraire.

Qu’il est dur, ce réveil des puissances assoupies, inféodées à leurs économies et au diktat du gaz Russe, incapables de s’accorder sur un coup d’arrêt ferme, se berçant des douces illusions de sanctions économiques sans fin… et sans effet…

Avec la terreur en prime : celle des 5 977 ogives nucléaires, et de ces armes épouvantables que sont le Sarmat, pointé à 10 000 km de son objectif, du système hypersonique Kinjal, largué à 2 000 km de sa cible, par avion ; et ce Zircon, propulsé depuis les navires de guerre.

D’un réveil d’une réalité difficile, celle de l’escalade des puissances occidentales qui, une à une, se résignent à livrer de l’armement à l’Etat agressé, tout en jurant, la main sur le cœur qu’elles ne sont pas engagées dans le conflit… depuis l’invasion de la Crimée.

Pierre, cher Pierre, elle doit avoir pour vous une résonnance particulière, cette phrase de Churchill : « Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur ; vous aurez à la fois la guerre… et le déshonneur ».

Quel rendez-vous de l’histoire, quel chemin de la mémoire avons-nous raté ?… Pour nous voir aujourd’hui confrontés à ce que nous croyions impossible, depuis la dislocation de l’Empire Soviétique du 21 décembre 1991. Comment avons-nous pu être aveugles à ce point, après les « messages d’espoir » légués par Charles de Gaule, les exhortations de Georges Pompidou à trancher les « nœuds gordiens » et à assumer la métaphore du « chien de garde assoupi dans l’opulence » ?

Oui, Pierre, comment avons-nous pu rester aussi insensibles à l’exemple, à la leçon, délivrés par vos camarades et par vous-même, infatigables à nous enseigner de rester vigilants, sur nos gardes, sentinelles promptes à lancer l’alerte, à dissuader le tyran, lorsqu’il est encore temps.

Dans une ère de communication instantanée et planétaire qui nous disait déjà tout de la construction d’un axe Pékin-Moscou… et la Havane, sur fond d’influence économique de la Chine et d’envoi des milices Wagner dans les anciennes colonies d’Afrique d’où nous nous désengagions sous prétexte de mauvaise conscience de la France-Afrique.

Il est peut-être des temps, des moments de nos vies au fil de la trajectoire de l’Humanité, où les gestes que nous posons, les regards que nous portons sur le Monde – en des dates de commémorations sacrées, surtout – où les leçons de nos Anciens ont plus de relief, plus de densité. Une autre résonnance dans les consciences. Où les mots et les émotions ont un sel particulier. Celui des regrets et des larmes.

Assurément, ce moment en est un.

Après tant de célébrations de la liberté retrouvée, d’inclinaisons sur les vies données pour notre indépendance et notre sécurité, de prières aussi, le monde est entré en guerre par une porte où on ne l’attendait plus… tant nous avions pris de soins attentifs à claquemurer les ouvertures sur l’enfer. A nous bercer de douces illusions.

Oubliant peut-être, au passage, qu’une Paix n’est durablement acquise que si elle est assise sur l’équilibre des puissances. Et que suivant Clausewitz, la puissance ne repose que la crainte.

Car en ce jour de gloire pour nos armées, pour nos soldats de l’ombre, pour nos résistants, comment ne pas croire que ce qui se déroule là-bas, à 2 000 km de nos frontières, nous concerne ; que suivant le message de Volodymyr Zelensky, c’est aussi notre liberté que les soldats d’Ukraine défendent dans les tranchées du Dombas. Que le despote sera sans limite dans sa soif de puissance – Qui menace déjà de l’hiver nucléaire les Capitales du monde libre.

Non, vous n’auriez pas aimé, Pierre, qu’en ce jour de fête, de triomphe de nos soldats sur les forces du mal, nous renoncions à accepter le poids de nos propres faiblesses, que nous nous résignions à l’échec de la Paix, à voir reculer le camp du Bien devant les forces du mal… Ormuz contre Acheman, Eros contre Thanatos… Et que nous nous apitoyions sur les mauvais nuages au loin. Vous nous diriez, vous nous dites de nous redresser et de choisir les chemins difficiles, de regarder tête haute vers le drapeau, d’écouter nos consciences et de suivre la voix de ceux qui ne renoncent pas ; qui savent s’unir face aux enjeux majeurs de notre temps, de notre pays, de notre civilisation, plutôt que de nous chamailler sur des différences et des divergences secondaires.

De ceux qui savent tenir bon et ne jamais renoncer aux espoirs de la Paix, infatigables à sa quête ; mais prêts aussi au sacrifice, au dépassement, pour que notre détermination soit plus dissuasive que tous les armements terrifiants.

Continuez de nous inspirer cette force, cette grandeur d’âme qui triomphe du fatalisme.

Merci, Pierre velsch, pour votre exemple de courage qui aujourd’hui nous est plus précieux que jamais, pour exalter l’ardeur, pour ranimer la flamme, pour galvaniser notre attachement à la Nation.

Vive la Victoire du 8 mai 1945,
Gloire à nos soldats,
Vive la Liberté et Vive la France.

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