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Retour sur la cérémonie de la Fête nationale

Ce vendredi 14 juillet 2023, Gil Bernardi, maire du Lavandou, les élus du Conseil municipal, Christian Simon, Maire de La Crau et Conseiller départemental, Nathalie Janet, Conseillère départementale, les porte-drapeaux et les représentants des Associations patriotiques, étaient réunis au Square des Héros pour célébrer la Fête nationale. Après les dépôts de gerbes devant le monument aux Morts, le maire a prononcé son allocution.

Discours de Gil Bernardi, maire du Lavandou

La voix est forte. D’abord hésitante. Comme pour mieux s’imprégner de la solennité du lieu et de la gravité du moment. Dans cette Convention en ébullition où il ne manque pas un seul Député de la Nation. Une voix violente. A dessein. Pour captiver l’auditoire et ménager ses effets. Le ton est féroce, comme un réquisitoire de Fouquier-Tinville.

Pourtant, le propos, lui, est plutôt doux. Pour l’instant. Presque mielleux. Curieux amalgame.

Il martèle son propos : « Il n’y a point ici de procès à faire. Louis n’est point un accusé ; vous n’êtes point des juges ».

Dès l’entame, l’auditoire est séduit – comme rassuré. Tous savent que l’avenir de la Révolution se décidera ici. Que ce petit homme en manteau uni et sombre sur gilet rayé, dans sa chemise à jabot et cravate blanche striée de rouge au nœud volumineux, va se jouer d’eux. Qu’il les tient. Par son génie comme par la parfaite maîtrise de l’art oratoire. Qu’il va présenter les arguments en défense, puis égrener les charges et les légitimations du verdict exigé. Souffler le chaud et le froid en bon élève du Collège des Jésuites ; en digne successeur de son bisaïeul Martin, Procureur à Carvin.

Maximilien Robespierre, qui excelle dans la harangue, a choisi de balancer sa démonstration d’une évidence, entre circonstances atténuantes et charges implacables – A la fois avocat de la défense et Procureur. Comme à Louis le Grand, lorsqu’ils rivalisaient au concours d’éloquence, avec son condisciple Camille. Camille Desmoulins… Robespierre a décidé d’hurler ses absoutes et de pondérer son verbe pour réclamer l’horreur. Il sait les doutes qui parcourent l’Assemblée, partagée entre la fuite en avant, la surenchère ; et le risque qu’il ferait prendre à la Révolution, le camouflet que constituerait un vote de défiance. La fracture déjà visible de l’Assemblée, prise du vertige, au bord du gouffre ; en proie à l’hésitation, et peut-être tentée par la reculade.

Dans la salle, le silence est total. Les Députés retiennent leur souffle, alors que Robespierre reprend le sien. Alors que les mots s’enchainent, comme une fatalité. Une exigence. La Révolution joue son salut à pile ou face, sur la tête d’un homme. Celle du Roi.

La voix s’enflamme. A présent, comme un grondement de tonnerre, annonciateur de la foudre – « Citoyens » … « Vous n’avez point une sentence à rendre pour ou contre un homme, mais une mesure de salut public à prendre, un acte de providence nationale à exercer ».

Robespierre s’interrompt encore, sous les applaudissements. Il relève ses lunettes sur son front, dévoilant les yeux verts, révélant un peu plus le teint pâle, dont la fragilité est bien vite effacée par la mâchoire anguleuse, prête à broyer. Cet homme est décidemment le diable !

Marat et Danton échangent un regard interrogatif : jusqu’où ira-t-il ?

A cet instant les souvenirs refluent à la mémoire du tribun, qui paraît pris de tétanie. Tant d’images se bousculent. Celles du Tiers qui s’autoproclame
« Assemblée Nationale », celles du 20 juin avec le serment du Jeu de Paume, Camille Desmoulins haranguant la foule, en ce 14 juillet 1789, la pressant de recourir aux armes, de piller l’Hôtel des Invalides, de saccager les magasins, de prendre d’assaut La Bastille.

Sous la perruque parfaitement ajustée, les gouttes de sueur perlent. Jusqu’à ruisseler sur le visage blême. Pourtant, en ce 3 décembre 1792, Paris grelote. Mais l’ambiance de la salle est surchauffée. Pourtant, les doigts n’ont pas tremblé. Les feuillets qu’il ne regarde plus, sont parfaitement immobiles, sous les griffes du faucon. L’avocat d’Arras, de 34 ans, lui, l’austère, le distant, « l’incorruptible », le disciple de Rousseau, mais aussi le Robespierre des Cordeliers, le maîtrise par cœur. Il l’incarne.

On applaudit pour l’encourager. Ou bien pour le décontenancer. Lui, n’en a cure. Il a rendez-vous avec l’Histoire. Celle de la fin de la monarchie. Avec son destin.

« Quel est le parti que la saine politique prescrit pour cimenter la République naissante ? C’est de graver profondément dans les cœurs le mépris de la royauté, et de frapper de stupeur tous les partisans du roi. Donc, présenter à l’univers son crime comme un problème »… Lire la suite du discours

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