Dimanche 14 août 2022, la démonstration de la Patrouille de France dans la baie du Lavandou a lancé les festivités du 78ème anniversaire du Débarquement de Provence. Pour l’occasion, des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées sur la plage centrale et ont admiré les prouesses techniques et artistiques des pilotes d’élite de l’Armée de l’Air et de l’Espace.
Lundi 15 août, les commémorations officielles ont débuté par le dépôt de gerbe en mer devant la stèle du Cap Nègre et la traditionnelle messe en l’église Saint-Louis. En milieu de matinée, le défilé ouvert par l’association Provence 44 sur le front de mer a conduit les porte-drapeaux, les élus, les anciens combattants dont Pierre Velsch, héros lavandourain ayant participé avec le groupe des Commandos d’Afrique au Débarquement sur les plages du Canadel, et les membres des Associations patriotiques au Square des Héros pour la cérémonie officielle. Aux côtés de Gil Bernardi, maire du Lavandou, et des élus du Conseil municipal, François de Canson, maire de La Londe-les-Maures, François Arizzi, maire de Bormes-les-Mimosas, Agnès Boehm, conseillère municipale au Rayol-Canadel et Frédéric Cuvillier, ancien Ministre et maire de Boulogne-sur-Mer, ont déposé une gerbe devant le monument aux morts, avant de laisser place aux discours de François Bonin, président de l’amicale des Commandos d’Afrique et de Gil Bernardi.
Allocution de Gil Bernardi, maire du Lavandou
« Monsieur Frédéric Cuvillier, ancien Ministre, Maire de Boulogne-sur- Mer, Cher Frédéric, si attaché à la mémoire des Commandos d’Afrique, grâce à qui la reconnaissance de la Nation a été décernée à Pierre Velsch et à Robert Chiazzo. Avec qui nous sommes allés fleurir la tombe du Colonel Jean Planke à Calais … merci pour votre fidèle et amicale présence à la cérémonie de Commémoration de la Libération du Lavandou.
Monsieur François de Canson, dont l’oncle François de Leusse – alias Comte de Mongraham fut un « grand parmi les Commandos d’Afrique »,
Monsieur François Arizzi dont le rôle auprès du Président de la République a été déterminant pour l’élévation de Pierre Velsch dans le grade de Commandeur dans l’ordre de la Légion d’Honneur.
Mesdames et Messieurs les élus, des Commune du Rayol, de Bormes et du Lavandou,
Mon Commandant,
Mesdames et Messieurs les Anciens Combattants Monsieur le Président de l’Association des Commandos,
Mesdames et Messieurs les militaires de la Gendarmerie Nationale, les membres de la Police Municipale, des Sapeurs-Pompiers, de la SNSM et du Comité Communal des Feux de Forêts,
Chers Commandos d’Afrique, libérateurs du Lavandou, qui d’en haut assistez fidèlement à notre cérémonie,
Mesdames et Messieurs,
D’une main sûre, le « Commandant » a affaissé le drapeau de la Kriegsmarine et l’a remplacé par celui de la France. Après un an et dix mois d’occupation. Au pied du mât de la bastide du Cap Nègre un peloton des Commandos d’Afrique poussiéreux, au garde à vous, présente les armes. Ils célèbrent la libération d’une parcelle de la Nation qu’ils viennent d’emporter, et quelle parcelle ! …. Une formidable fortification hérissée de canons qu’ils viennent de prendre à l’ennemi – Ils n’y croient pas, médusés d’être encore en vie après une nuit de combats ou tant des leurs ont été blessés ou sont morts. Les yeux rougis de fatigue après une nuit d’attaques féroces sans repos, alors que le crépitement des armes automatiques résonne toujours sur les flancs des falaises ravagées par les bombardements, les explosions et la sauvagerie des assauts – car il a fallu prendre une à une les casemates Regelbau pour en extirper les Feldgraus.
Aux côtés d’André Faraggi, et du Colonel Bouvet, le petit Jean-Marie, du haut de ses cinq ans, assiste à la scène avec l’admiration pour ce « Commandant » dont-il ne connaît alors ni le rôle dans la prise du Cap Nègre, ni n’a deviné la fonction secrète et pourtant essentielle révélée soudainement par l’uniforme de l’Armée Française qu’il porte fièrement – tout convaincu qu’il était, jusqu’à l’heure, du « métier » d’ingénieur à la Société Provençale Industrielle exercé par son père.
Le débarquement, la guerre, le petit bonhomme les a vécus comme un jeu : blotti dans les bras de sa mère, à jouer à cache-cache dans le creux de la falaise, sous le chemin de ronde, pour s’abriter des bombardements Alliés du 12 août – A courir sur les pentes du Cap, entre les sentinelles ennemies qui lui souriaient …. Mais avec lesquelles il ne devait surtout pas engager la conversation, puis refugié dans la nuit du 13 au 14 août dans la villa des Potez au Rayol, au prétexte d’autres jeux d’enfants avec le grand Jacques, 12 ans, celui de la famille Chirac. Il ne comprendra que bien plus tard la raison de ce proche et temporaire exil – « Nancy va se coucher dans l’herbe » était le signal lancé par radio Londres.
Il les a bien vues ces vitres cassées par le souffle des explosions, l’eau du robinet coupée, les cratères béants. Mais sa famille s’est ingéniée à lui présenter les préparatifs du débarquement de Provence comme une nouvelle aventure, effrayante parfois, mais distrayante pour un bambin de son âge. Aussi ne comprend-t ’il pas tout à fait pourquoi son père a revêtu un uniforme kaki-clair, et pourquoi ce grand gaillard qu’il n’avait jamais vu pleurer, laisse échapper une larme. Lui qui ne trahit jamais la moindre émotion – alors qu’il fixe les couleurs tricolores sur le mât de la propriété familiale.
Il n’y a ni cadavres d’Allemands, ni blessés ensanglantés que l’on a prudemment regroupés loin de la Bastide, tout comme les 400 prisonniers, pour préserver le petit Jean-Marie. Mais seulement l’éblouissant spectacle des ballons dirigeables comparables à un cirque survolant une marée de bateaux de guerre qui emplissent soudain la mer jusqu’à l’horizon ; la distribution de tablettes de chocolat par les libérateurs …. Ah, la saveur de ce chocolat rarissime ! …. Les honneurs rendus à son papa sur le Destroyer d’Escorte « HOVA » et la messe d’action de grâce tenue à l’extérieur de la grande bâtisse judicieusement épargnée par les aviateurs… » Lire la suite du discours.