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Sur les traces de l’antique Alconis lors du dernier Vendredi culturel de la saison

En clôture du cycle des Vendredis culturels 2022 – 2023, les deux conférencières, Nathalie Huet du DRASSM* et Fabienne Olmer du CNRS*, ont conduit le public sur les routes de la navigation antique pour essayer de percer le mystère des deux amphores romaines récemment découvertes dans la passe d’entrée du port. Et si ces reliques permettaient d’identifier Alconis, ce petit port antique disparu, au Lavandou ?

Pour répondre à ce « cluedo historique », lancé par Gil Bernardi, maire du Lavandou, les scientifiques ont partagé des approches à la fois archéologique, historique et topographique. Au temps des tribus Bormani, référencées dans l’encyclopédie d’histoire naturelle de Pline l’Ancien, les scientifiques n’ont d’abord pas trouvé de traces d’Alconis… C’est en décortiquant l’itinéraire maritime d’Antonin, de Romes à Arles (IIIème siècle), qu’Alconis apparait, aux côtés d’autres ports et plages du littoral varois et maralpin. Pour chaque étape décrite entre Antibes et Toulon, Fabienne Olmer, a cartographié la route empruntée par Antonin pour essayer de localiser la cité engloutie. Si d’après ce guide de voyage de la Rome antique, étayé par les fouilles d’une centaine d’épaves datant de cette époque entre Antibes et Toulon, la spécialiste peut déterminer avec précision la localisation de Heraclia Caccabaria à Cavalaire, Pomponianis à l’Almanarre ou encore Telone Martio à Toulon, une interrogation plane sur la situation exacte d’Alconis. Seule certitude, l’embarcadère romain ne se situe pas dans la baie de Cavalière, comme plusieurs hypothèses ont pu le laisser entendre jusque là, puisque selon l’itinéraire d’Antonin, 12 miles – soit 17km – séparent Heraclia Caccabaria d’Alconis. En se basant sur cette donnée chiffrée, Alconis pourrait bien se situer dans la baie du Lavandou… Pour autant, aucune découverte archéologique sous-marine ne permet de confirmer cette hypothèse. Pas même les deux amphores repêchées à l’automne dernier…

Les amphores d’Albinia

Bien que ces deux vestiges isolés n’aient pas impressionné Fabienne Olmer et Nathalie Huet, plutôt habituées à dénicher des cargaisons entières dans les épaves de la Madrague, de Ramatuelle, de la Fourmigue ou encore de Cavalière, ils n’en demeurent pas moins « intéressants ». Car d’après un timbre identifié sur le bas de l’anse, bien connu de la chercheuse au CNRS, la provenance de ces Dressel 1 ne fait aucun doute, « elles ont été façonnées à Albinia en Toscane, dans un grand atelier de 1500m2 » d’où sont sorties des dizaines de milliers d’amphores fréquemment retrouvées, tant en mer qu’à terre.

Il ne reste plus qu’à savoir si ces amphores ont été jetées par dessus bord, si elles proviennent d’une épave, et pourquoi pas de celle de La Fourmigue, assoupie non loin du port du Lavandou, ou si elles sont la résurgence de l’antique Alconis, cachée quelque part dans la baie du Lavandou..? « Laissons la part au mystère »,  disait Gil Bernardi en introduction de cette conférence qui a passionné le public.

*DRASSM : Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines. Ce service est rattaché au ministère de la Culture.

*CNRS : Centre national de la recherche scientifique

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